L’immense chorégraphe Angelin Preljocaj associe deux de ses pièces d’anthologie -Annonciation (1995) et Noces (1989) - à sa nouvelle création, Torpeur (2023), pour une soirée à la beauté époustouflante. Chef-d'œuvre corporel, en trois chapitres intemporels ?
Cette soirée met à l’honneur quarante ans de créations d’un chorégraphe considéré comme un « maître » de son art. Dès la fin des années 1980, Preljocaj bouleverse le paysage de la danse avec ses pièces puissantes, d’un genre nouveau et d’une technicité exceptionnelle, où la lumière, ciselée, irradie les corps mûs en fluide, produisant une émotion brute. Dans Annonciation (1995), c’est le moment sacré et énigmatique de l’Immaculée Conception qu’il revisite par un duo féminin, sur le Magnificat de Vivaldi. Dans Noces, sur Stravinsky, dix danseurs manipulent des poupées de chiffon jetées en l’air, exorcisant les peurs liées au mariage pour une jeune femme. En miroir à ces deux pièces emblématiques, les douze interprètes de Torpeur saturent le plateau d’une fièvre, créant des motifs abstraits et hypnotiques. Tantôt d’une folle vitalité, tantôt figures de l’indolence, ils nous invitent à lâcher prise sur la musique survoltée du compositeur 79D.