En inventant le fils imaginaire du célèbre romancier Emile Ajar, l’autrice Delphine Horvilleur, connue pour son humour incisif et sa lucidité désarmante, a inspiré cet extraordinaire seule-en-scène de Johanna Nizard sur les ravages de l’obsession identitaire.
Faut-il présenter Emile Ajar, alter ego de Romain Gary, deux fois lauréat du Prix Goncourt ? Un homme qui n’a jamais été « que » ce qu’il disait être. En écrivant le monologue d’Abraham Ajar, fils inventé, la femme rabbin et autrice Delphine Horvilleur explore l’épineuse question de l’identité. La mise en scène d’Arnaud Aldigé et de l’éblouissante Johanna Nizard, qui incarne avec intensité ce fils imaginaire, rend à merveille son esprit abrasif et sa profonde intelligence. Par la performance totalement hors norme de la comédienne, avec une franchise sans concession et beaucoup de lucidité, Abraham questionne tout un chacun, nos perceptions, nos compromissions dans cette grande supercherie identitaire. Peut-on réduire un individu à son genre, sa croyance, sa nationalité, sa couleur de peau ? La scénographie en miroirs, renvoyant des identités à facettes, prolonge le propos, invitant à faire un pas vers l’étranger en chacun de nous.